Dans le judaïsme, la mort, aussi douloureuse soit-elle, préside à l’inauguration d’une vie nouvelle : récompense qui n’est destinée qu’à l’âme et qui n’est accordée qu’après la mort.
En ayant institué et codifié de nombreux rites de deuil, la loi juive relie le droit d’éprouver et de manifester douleur et tristesse face à la disparition d’un être cher avec les préceptes salutaires et édifiants pour ceux qui les observent, et qui sont inscrits principalement dans la Torah et le Talmud.
L’âme souffre de se retrouver seule au moment où elle quitte le corps. Tout propos ou actes frivoles sont donc évidemment proscrits.
Juste après le dernier souffle, on ferme les yeux du défunt (tâche si possible confiée au fils) ainsi que sa bouche si elle est ouverte. On recouvre immédiatement son visage d’un drap pour le soustraire aux regards.
La mise en terre est une obligation de la Torah.
Elle soustrait le cadavre des regards indiscrets, et évite ainsi une humiliation qui rejaillirait, d’après le Talmud, sur sa famille et sur l’humanité. Par ailleurs, le Midrach et la Kabbale indiquent que la relation entre le corps et l’âme d’un individu se prolonge après sa mort. Tant que le corps ne retourne pas à la poussière, dont il est issu, l’âme est empêchée de regagner sa destination ultime.
Ainsi, priver le corps de sépulture revient alors à priver l’âme des félicités éternelles auxquelles elle a droit et auxquelles elle aspire.
Pour ces raisons, la crémation, comme l’exhumation (sauf en cas de transfert en Israël), s’oppose à la lettre comme à l’esprit de la Loi : il porte atteinte au caractère noble et sacré du corps, de l’âme, et de l’humanité toute entière.
Votre conseiller funéraire vous est dédié et vous accompagnera avec bienveillance et professionnalisme à chaque étape, dans chacun de vos choix pour vous aider à traverser cette 1ère étape primordiale et douloureuse. Il veillera à instaurer et maintenir le climat de confiance indispensable à des prises de décisions sereines. Il vous conseille, propose mais c’est bien à vous qu’appartiennent les décisions.
Son rôle est de vous écouter, de vous accompagner dans l’organisation de funérailles personnalisées pour vous permettre d’offrir au défunt un dernier hommage qui respecte vos convictions ou ses dernières volontés.
Parce qu’il servait d’enveloppe à l’âme, tel l’écrin d’un objet sacré, le corps est lui-même sacralisé.
Après le passage du médecin, les amis de la famille ou les membres de la ‘Hévra déshabillent complètement le défunt et le recouvrent d’un drap blanc. On dépose parfois le corps sur le sol tout en veillant à ce que la tête soit légèrement soutenue.
On place ensuite une bougie à proximité de la tête, et, dans de nombreuses communautés de rite séfarade, une autre aux pieds. Ces lumières témoignent de l’immortalité de l’âme et évoquent son accession au séjour céleste.
Enfin, les miroirs et les portraits dans la maison de deuil seront recouverts.
Le certificat de décès est le premier document à obtenir. Il est délivré par un médecin (le médecin de famille le plus souvent, ou les urgences médicales).
Il est alors tant de prendre contact avec les pompes funèbres. Ils prendront contact :
Selon la loi juive, l’inhumation doit avoir lieu le plus tôt possible, sans toutefois déroger à la réglementation funéraire.
Jusqu’à l’inhumation, des veilleurs se succéderont en une veille ininterrompue auprès du défunt (chemira), récitant des psaumes, et observant toujours le plus grand recueillement : tout comportement ou propos inconvenant est à exclure en présence de la dépouille.
En cas de décès à l’hôpital, le défunt est conduit dans une chambre mortuaire (morgue), ou est transféré, dans les 48 heures qui suivent la mort, dans une maison funéraire.
Du fait des horaires de fermeture dans ces établissements, la chemira est souvent impossible.
Le Consistoire préconise alors le transfert du corps du défunt à son domicile pour l’organiser, dans la mesure où les amis et connaissances de la famille sont suffisamment nombreux. Ainsi, le défunt recevra les honneurs auxquels il a droit, et dont il aurait été privé dans ce genre d’établissement.
En cas de décès sur la voie publique, le corps aura été le plus souvent transporté à l’institut médico-légal, sur réquisition du maire, des autorités de police ou de gendarmerie.
En fonction des circonstances du décès, le procureur peut être amené à demander une autopsie pour les besoins d’une enquête. C’est lui qui délivrera alors, par la suite, l’autorisation d’inhumer.
Les visites auprès du corps sont strictement encadrées par l’Institut médico-légal.
Destinée à débarrasser le corps de toute souillure et de toute impureté comme il sied à qui va se présenter devant son Roi, la « Tahara » ou purification est soumise à un rituel très précis.
Elle est confiée aux membres de la ‘Hévra Kadicha choisis pour leur dévouement et leur piété.
Le mort sera revêtu de ses derniers vêtements (« takhrikhin » : linceuls) faits de simple toile blanche, et identiques pour tous. Le corps sera ensuite délicatement placé dans le cercueil (par respect de la législation française).
Selon le rite ashkénaze, la me’hila a lieu : s’approchant du défunt, ses enfants puis ses proches parents imploreront son pardon pour les torts ou les offenses qu’ils ont pu lui causer…
Le cercueil, choisi dans un bois ordinaire sans aucune garniture pour un retour à la terre plus rapide, ne sera définitivement fermé qu’en présence des Pompes funèbres.
Les règles de deuil concernent les sept proches parents suivants : père, mère, conjoint, fils et fille(s), frère(s) et sœur(s). Ils sont « onen » ou « affligés ». Ils ont l’obligation de se consacrer aux démarches afférentes à l’inhumation, et d’honorer le mort à tous instants. Le « Onen » ne consomme ni viande, ni vin. Il est dispensé des commandements positifs, comme le port des Tefilin ou la récitation des prières. Il ne compte pas dans le minyan. La cacherout et le respect du chabbat demeurent. Les relations conjugales sont interrompues. Les interdits dureront sept jours.
Comme signe visible de leur deuil, la « keria » – déchirure du vêtement (chemise dans le rite séfarade, veste dans le rite ashkénaze) – est effectuée par les sept proches parents à l’un des moments où l’émotion est particulièrement vive (à l’instant du décès, à celui où le cercueil quitte la maison, ou au cimetière, pendant la mise en terre, et avant que la fosse ne soit comblée).
Avant la keria, les endeuillés récitent en entier la bénédiction envers le Juge de vérité («Baroukh ata Hachem Elokénou Mélekh Haolam dayan haémet»).
La déchirure est effectuée sur soi-même, à la main, se tenant debout à hauteur du cœur, à partir du bord et de haut en bas, sur une longueur de 10 cm, du côté gauche pour les enfants, à droite pour les autres parents du défunt. Les enfants seulement doivent arborer cette déchirure durant les sept jours de deuil.
La Torah défend à un Cohen de toucher un mort, et même de se trouver avec lui sous un même toit. Il ne peut visiter la famille en deuil si le corps se trouve dans la maison, ni même pénétrer dans un appartement voisin, dès lors qu’un même toit recouvre l’ensemble de ces habitations.
Une consultation rabbinique est nécessaire pour déterminer les conditions de la présence d’un Cohen à l’enterrement.
Escorter le défunt jusqu’à la Levaya – dernière demeure – constitue une mitsva essentielle.
La cérémonie se déroule dans une grande simplicité, « sans fleurs, ni couronnes ». En arrivant devant les tombes juives, on récite des prières, on entend l’oraison funèbre et la lecture du «Tsidouk Hadin».
Le cercueil est descendu dans la tombe tandis que le rabbin et les assistants récitent le Psaume 92 : «Celui qui demeure à l’ombre du très-Haut».
Puis, tour à tour, ils lancent chacun trois pelletées de terre en prononçant, en hébreu de préférence, les versets : « Tu es poussière et retournes à la poussière (Genèse 3,19), la poussière retourne à la terre dont elle est venue, et d’esprit retourne à Dieu qui l’a donné (Ecclésiaste 12,7) ».
Puis, la keria peut avoir lieu si ce n’est pas fait. Le rabbin et les assistants récitent alors le kadich Deit’hadeta dans lequel ils proclament leur foi en la résurrection des morts et prient pour son avènement.
Le rabbin prononce également la hachkaba, selon le rite Sefarad ou Ashkénaze.
Vient enfin la consolation des endeuillés (« Ni’houm ») où les affligés reçoivent la formule traditionnelle de consolation par le rabbin.
En quittant le cimetière, on se lave les mains. Il est d’usage de ne pas les essuyer, pour exprimer symboliquement qu’on reste en pensée avec le défunt et avec les endeuillés.
Il est défendu de se saluer et de se congratuler au cimetière jusqu’après l’inhumation. Ce n’est autorisé qu’à condition de s’éloigner des tombes, en marquant au minimum une distance de 2, 40 mètres.
Nota : A certaines périodes fastes de notre calendrier, les vendredi après-midi et les veilles de fête, l’oraison funèbre est remplacée par quelques paroles édifiantes et de circonstance. Le Tsidouk Hadin est supprimé, et le Kadich Deit’hadeta—ou grand Kadich— est remplacé par le simple Kadich des orphelins.
Constitué au minimum de pain et de thé ou de café, et souvent d’œufs durs ou de lentilles, le premier repas des endeuillés est servi par les voisins ou, à défaut, les amis.
Après ce repas, les endeuillés pourront manger normalement et sans restriction. Les sépharadim d’Afrique du Nord s’abstiennent de viande et de vin durant toute la période des sept jours.
Dans la maison de deuil, durant les sept jours, une veilleuse (à l’huile, ou en bougie ou même électrique), symbole de l’âme qui remonte vers Dieu pourra brûler.
On célèbre dans la mesure du possible les trois offices quotidiens avec Minyan (dix hommes) dans la maison de deuil, qui sera de préférence la maison du défunt, si le décès était survenu à son domicile.
Ils visent à extérioriser le deuil et à favoriser le recueillement, à inciter à se consacrer au souvenir du défunt, et aussi à méditer sur le sens véritable de la vie :
Les amis mettront à profit cette disponibilité forcée pour visiter les endeuillés, leur témoigner leur sympathie, leur apporter le réconfort, et accomplir la mitsva si précieuse du « Nihoum »—la consolation.
La chabbat reste de mise. Seules seront maintenues les interdictions concernant la vie conjugale, la toilette, et l’étude de la Torah.
Selon le rite Séfarad, le 7e jour, après l’office du matin, on adresse aux endeuillés, les versets de consolation marquant ainsi la fin des sept jours. Puis les endeuillés se rendront au cimetière.
Dans le rite Achkénaze, en revanche, les Avélim restent encore quelques instants assis, concentrés sur leur deuil. Puis ils se lèvent, manifestant ainsi, simplement, que les chive’a ont pris fin.
Seules subsistent les interdits de se raser, et de se couper les ongles et les cheveux; de porter un vêtement neuf ou qui sort de chez le teinturier; de participer à une quelconque festivité.
Chez les Achkenazim, l’usage interdit de se laver l’ensemble du corps, à l’eau chaude tout au moins, et exige qu’on défraîchisse, en les faisant porter par quelqu’un quelques minutes, par exemple, avant de les porter, tous les vêtements propres, qui n’ont pas été portés depuis leur dernier lavage.
Les chelochim—et les règles de deuil qui leur sont liées – prennent fin quelques instants après le lever du soleil, le trentième jour.
Selon la tradition, l’âme du défunt est jugée durant l’année de sa disparition. Cependant, le Talmud enseigne que seul le jugement des impies dure une année entière, celui des justes s’achevant plus tôt. Ainsi, on cesse de dire le kadich dès la fin du onzième mois par décence pour ses parents.
Le comportement de sa famille, et surtout de ses enfants est pris en compte dans ce jugement. Les enfants auront donc à cœur d’observer avec attention les Mitsvot : chabbat, cacherout, étude de la Tora, relation à autrui, charité, etc…
Elles ont lieu notamment à la fin des sept jours, des trente jours et des onze mois, et aussi, éventuellement, chaque vendredi et veille de Roch’Hodech (néoménie), ainsi que les veilles de grandes fêtes.
Dans les communautés de rite alsacien ou allemand, au contraire, on s’abstient de retourner au cimetière avant l’anniversaire de l’inhumation, pour éviter tout amalgame avec un culte des morts.
Marque d’honneur et de fidélité envers l’âme du disparu, la pierre tombale sert également de repère, pour identifier le lieu de sa sépulture. Sobriété et simplicité président au choix de cette pierre.
On fait généralement coïncider l’inauguration du monument funéraire avec le premier anniversaire, consécutif à l’année de deuil, au douzième mois donc.
La date anniversaire du deuil est célébrée chaque année sur la base de la date hébraïque de l’enterrement.
Une lumière commémorative est allumée pour vingt-quatre heures et les proches du défunt récitent le kadich à chacun des trois offices.
En outre, il est d’usage d’aller se recueillir sur sa tombe et d’y réciter une prière, à cette occasion.
Le jeûne est recommandé ce jour-là si on en est physiquement capable.
d’après Michel GUGENHEIM, Grand Rabbin de Paris, dans LES DERNIERS DEVOIRS – LE RITUEL JUIF DU DEUIL